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Ce 3 Septembre 1939
Ce 3 Septembre 1939 à 5 heures, c’est la première alerte par sirène, la seconde, le 4 à
10 heures. Leur fréquence en moyenne deux par jour au début de la guerre.
La deuxième grande mesure de la Défense Passive, c’est le black-out des lumières dès le
crépuscule. Les réverbères sont peints en bleu. Les phares des voitures et des vélos ne
laissent entrevoir qu’un petit rectangle de lumière.
Dès Octobre, on enregistre une hausse des prix et à partir du 15 Novembre se fait sentir le
manque de charbon.
En Février 1940, les cartes de rationnement font leur apparition, les prix continuent de
monter malgré leur blocage et nous connaissons le système D, on dira plus tard le marché
noir.
Mais l’activité du port de Boulogne se trouve réduite de 50%, d’autant plus que 60 de ses
grands chalutiers sont réquisitionnés. Armés, ils sont transformés en dragueurs de mines
ou patrouilleurs et assurent avec les contre-torpilleurs de la 8ème division toutes les
missions contre les sous-marins Allemands.
La navigation est périlleuse. Quelques chalutiers reprennent néanmoins la pêche dès
Novembre, dont celui que commande mon père, le « JEAN B327 ».
Ces équipages très courageux naviguent et labourent la mer, sans radio....ni feux pour
assurer le ravitaillement de la population, malgré les sous-marins ennemis et les
mines magnétiques que mouillent dès le 26 Novembre les hydravions aux abords des ports.
Les entrées de la rade et du port sont protégées par des pièces de 75 et de 138 qui sont
implantées digue Ste Beuve à flanc de falaise, au bassin Loubet, au Mont de Coupe et
au fort d’Alpreck.
A vrai dire, ce n’est que des bombardements qu’on a peur.
Cette atmosphère de drôle de guerre va durer jusqu’en Mai 1940, avec les communiqués des
journaux qui racontent les exploits des corps francs, ce qui masque la réalité sur notre
faiblesse militaire.
Et pourtant la vraie guerre est là toute proche.
En effet, le vendredi 10 Mai 1940, nous sommes réveillés vers 5 heures du matin par les
tirs de la D.C.A.. Nous nous précipitons à la fenêtre et apercevons trois bombardiers dont
nous distinguons nettement les sinistres croix noires qui, venant du Nord survolent le port
et se dirigent vers l’aéroport du Portel.
Leurs bombes incendiaires et explosives détruisent la totalité de nos uniques bombardiers
en piqué de l’escadrille AB3 qui n’ont pas eu le temps de se disperser pour limiter les
dégâts en cas d’attaque surprise.
Marquise, Manihen, Ambleteuse et Audresselles ont été également visés.
Dans la ville, dans les cantonnements, c’est le branle-bas de combat.
A 8 heures, la T.S.F. annonce la nouvelle de l’attaque Allemande par la Hollande et la
Belgique, cette fois, la vraie guerre est là.
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