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Sabordage du Jean

Mais il nous faut néanmoins penser à vivre et trouvons avec l’aide de la population, dès le lendemain, en ce qui nous concerne, un emploi saisonnier dans une ferme appelée « Quatre Vents » située à quelques kilomètres.

Dans un premier temps, ce sera l’arrachage aux piéces, des pommes de terre nouvelles, à la main à l’aide d’une houe à deux dents et ensuite au repiquage de betteraves pour l’alimentation des vaches dans les mêmes parcelles pour une deuxième récolte.

C’est donc à Château-Malo que nous connaîtrons l’arrivée des premières troupes Allemandes et leur comportement puisqu’ils occupent brutalement notre logement en jetant nos maigres bagages par les fenêtres.

Le Maire de Château-Malo décide alors, en accord avec les services Préfectoraux, de nous renvoyer sur St-Servan où nous nous retrouvons tous logés dans une villa innocupée mais réquisitionnée.

Le « JEAN », qui est arrivé trop tard à Cherbourg ne pourra participer à l’évacuation de Dunkerque. Il devra vers le 14 Juin quitter ce port en raison de la proximité des éléments avancés Allemands, tentera de nous récupérer à St-Malo mais verra sauter les écluses et ne pourra donc entrer dans le port.

Mon père mettra alors le cap sur Brest et se mettra à la disposition de l’Autorité Militaire, étant toujours réquisitionné par celle-ci pour une éventuelle opération.

Le 19 Juin 1940, les troupes Allemandes entrent dans la ville. Les tirs menacent « le JEAN » et les batiments de la « Royale » qui se trouvent dans la rade et qui ripostent.

Le « JEAN » dont les soutes sont presque vides de charbon ne peut plus appareiller.

Mon père décide alors avec l’accord de l’Amirauté de saborder en rade de Brest le « JEAN B327 » pour ne pas le laisser prendre par l’ennemi.

Les membres de l’équipage recueillis par un bateau-porteur de Caen sont débarqués sur l’Ile d’Oléron et nous retrouvent, à St-Malo après avoir effectués durant des jours le trajet à pieds.

La France est presque totalement occupée. Nous espérons alors pouvoir, comme la plupart des réfugiés de toutes nationalités, rentrer chez nous et retrouver nos foyers malgré les interdictions et la nécessité, disons plutôt d’autorisation, de bon de transport gratuit délivré par la Préfecture.

Le régime nazi a décidé en effet de créer dans le nord de la France une zone interdite et donc une ligne de démarcation qu’il nous faudra franchir clandestinement aux environs d’Amiens. Nous sommes prévenus.

La famille est réunie, mes parents décident de ne pas attendre cet avantage et de partir à leurs frais, prendre de St-Malo un train tout d’abord pour Rennes, sans néanmoins savoir qu’elle sera notre prochaine destination.

 
 
 
 
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