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Retour à Boulogne

Certaines familles, malheureusement démunies d’argent, ne pourront se joindre à nous et j’ai en mémoire quelques amis, les yeux remplis de larmes qui ont tenu à nous accompagner jusqu’au quai de la gare.

A Rennes, nous passons quelques jours dans un Centre d’Accueil près de la gare.

Ce sera ensuite Paris et avec beaucoup de difficultés, un train pour Amiens, la gare de triage de Longueau et le passage de la ligne de démarcation de la « zone rattachée au Commandement Allemand » du Nord de la France. C’était donc vrai.

Il faut en effet savoir que dans un premier temps de l’occupation, dès la fin Juin 1940, les départements du Nord et du Pas-de-Calais sont rattachés à l’Administration Allemande de Belgique dont le siège est à Bruxelles.

Cette ligne de démarcation surveillée par les troupes Allemandes, nous la franchirons clandestinement avec l’aide des cheminots Français.

Emmenés dans un petit baraquement situé au milieu des voies, nous restons cachés jusqu’à l’arrivée et l’arrêt d’un train dont l’horaire nous a été indiqué (13 heures). Montés rapidement dans celui-ci, nous passons les postes de garde couchés à plat ventre dans le compartiment(1).

Nous retrouvons ainsi dans les tous premiers jours de Septembre 1940 notre Boulogne et notre maison avec l’étonnement de trouver la porte d’entrée ouverte, sans effraction, les tiroirs de buffet tirés sans remarquer la disparition de quoi que ce soit.

Il était temps de rentrer chez nous et c’est ainsi que se terminait notre première évacuation.

Nous sentions que la guerre serait longue, la présence Allemande nous pesait lourdement mais le pire était à venir.

Nous allons en « zone côtière interdite », appelée zone rouge d’une largeur d’environ 5 kms, pendant quatre longues années, devoir changer nos conditions de vie pour survivre au jour le jour.

Existence entrecoupée d’alertes, de bombardements, Boulogne en subira 487.

Il faut savoir que Boulogne étant devenu ville de front, nous serons en première ligne. Presque journellement, nuit et jour, la terrible Flack (DCA) se fera entendre lors des nombreux passages de chasseurs en patrouille de reconnaissance ou de bombardiers en mission sur notre territoire, sur l’Allemagne ou sur les docks de Boulogne (la BBC) faisant de nombreuses victimes... civiles.

1) - A partir d’Avril 1941 est instaurée une « zone côtière interdite » sur une faible largeur de quelques kilomètres. Le littoral se trouve isolé du reste de la « zone occupée ». Les conditions d’accès sont très difficiles. En 1942, selon certains Préfets, cette zone est plus difficile à traverser que la ligne de démarcatioon. Les contrevenants risquent des peines d’emprisonnement, de travaux forcés, voire de peine de mort dans les cas jugés les plus graves.

 
 
 
 
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