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LE TEMPS DU BONHEUR
Enfance heureuse d’une certaine époque dans notre maison de la rue du Mont Jean Bart,
propriété de mes parents qui n’occupent que le rez- de- chaussée.
Mon père est en effet « patron de pêche », c’est à dire qu’il commande pour un armateur un
chalutier dont il est en mer...... le maître à bord. (1).
En raison de la dureté et des risques du métier, il ne souhaite pas que ses garçons deviennent
marins. Néanmoins, ils se trouveront en 1945 sur trois batiments de la Marine Nationale.
J’ai obtenu le 9 Juin 1936 mon certificat d’Etudes Primaires, mon seul diplôme
universitaire, en pleine période de crise sociale qui a vu arriver au pouvoir un gouvernement
dit, « de Front Populaire » et les premiers quinze jours de congés payés.
Dans les jours suivants, à ma demande, j’obtiens de la Mairie mon Livret de Travail,
obligatoire à l’époque sur lequel tout ouvrier fait mentionner la date de son embauche
et éventuellement celle de sa sortie de l’entreprise.
Mon premier emploi, je le trouve à l’hôtel Windsor, quai Gambetta, emploi qui ne me convient
pas et que je quitte rapidement. J’en trouve un deuxième dans un garage de la rue
Félix Adam (2) comme apprenti-mécanicien.
Malheureusement, le chômage sévit cruellement, le travail est inexistant en raison du manque
de pouvoir d’achat.
C’est finalement en Juillet de cette même année 1936, alors que je n’ai pas encore 12 ans que
je me retrouve employé dans l’imprimerie de M. Hyppolite ANDRE, rue Thiers. Nous sommes
quatre dont le fils du patron.
Trois années se sont écoulées, j’ai beaucoup appris sur les machines, a être très précis dans
les gestes et suis devenu typographe.
J’ai bien essayé d’entrer en 1938 au journal quotidien local « Le Télégramme » mais je n’ai
que 14 ans et le travail de nuit exige 17 ans. Rendez- vous est donc pris pour 1941.
Mais la PAIX est à nouveau menacée en Europe par le régime Nazi de HITLER.
Bien des vies familiales et professionnelles vont être bouleversées, gachées.
1) - Mon père a assuré pendant ses 42 ans de navigation le commandement de différents
chalutiers durant 17 ans. Il aura fait cinq fois naufrage au cours de sa carrière. Voir
Livret n° 6 « Comment Entre Terre et Mer mon père a vécu sa vie de Marin Pêcheur ».
2) - C’est dans ce garage de la rue Félix Adam que je contracterai fin Septembre 1944
mon engagement à Marine-Boulogne dont le casernement de la rue d’Orléans a été détruit
au cours d’un bombardement.
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