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Mon père décide aussitôt de faire route sur Boulogne

Il décide aussitôt de faire route sur Boulogne et c’est vers une heure du matin qu’il est arrivé à l’entrée de la rade alors que les stukas et appareils ennemis bombardent la ville et mouillent des mines en dehors et dans la rade pour bloquer le port.

Sans aucun de ses feux pour ne pas être repéré, connaissant parfaitement la rade, il pénètre dans celle-ci à vitesse très réduite, se glisse entre les cargos et autres bateaux au mouillage et attend avec calme et lucidité la possibilité d’entrer au port pendant une éventuelle acalmie.

Dans la pénombre, apercevant un bateau qui très lentement prend la direction de l’entrée du chenal, il décide de le suivre, s’approche des jetées et c’est alors qu’une mine explose sur son arrière, lui brise les vitres de la passerelle et lui dérègle ses appareils de navigation.

Avec la maîtrise qui lui est propre, il continue sa route, accoste au quai Gambetta et c’est sous les hurlements des sirènes des bombardiers en piqué, des bombes explosives, incendiaires et des tirs de la DCA que les membres de l’équipage du « JEAN » retrouvent leurs familles.

Ils apprennent que depuis des jours, les Boulonnais voient arriver des milliers de réfugiés Hollandais, Belges et du Nord de la France.

Ceux-ci, mitraillés sur les routes sont épuisés, ils ont vécu l’enfer. Arrivés à pieds, en voitures, ils couchent la plupart, faute d’hébergement sur les trottoirs. On leur porte des brocs de thé et les réconforte au possible.

Au cours des bombardements, ils se précipitent dans les caves des habitations proches.

Aujourd’hui nous subissons les bombardements, ce sera bientôt notre tour de connaître l’exode et les centres d’accueil.

A l’aube de ce mardi 21 Mai 1940, dans une atmosphère de guerre et d’inquiètude, notre devenir nous apparaît déjà bien sombre.

Vers 7 heures du matin, les agents de police parcourent les rues de notre quartier de St Pierre et font savoir que tous les hommes de 16 à 50 ans doivent obligatoirement par tous les moyens évacuer vers le Sud, vers Etaples, Abbeville.

Mais très vite, vers 10 heures, la rumeur nous apprend que les troupes Allemandes ont atteint la côte à St-Valéry et que le flot de réfugiés remonte sur Boulogne.

Il faut donc renoncer de prendre la route. Le salut, c’est le « JEAN » qui par bonheur vient de rentrer au port.

En l’absence de l’armateur, Monsieur OGEZ, mon père décide alors, après concertation avec ses hommes, de fuir par la mer, avec les familles et les tonnes de poissons qui se trouvent dans les cales.

Le départ est fixé à 14 heures.

 
 
 
 
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