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Errance en mer

Nous restons dans un sas et c’est là que s’effectue le débarquement de tous les réfugiés. Avec ceux-ci, nous sommes invités à manger au Centre d’Accueil où nous sommes réconfortés par des personnes dévouées. Nous rentrons ensuite coucher à bord du « JEAN ».

Le lendemain jeudi 23 Mai, mon père se met d’accord avec un mareyeur. Le poisson est débarqué et vendu en accord avec l’armateur.

Nous n’avons presque plus de charbon, nous montons donc à CAEN pour se ravitailler au possible et passons par les ponts de BENOUVILLE qui deviendra célèbre le 6 Juin 1944 (le Pégasus-Bridge et ses planeurs) et celui de Hérouville.

Le vendredi 24 Mai nous redescendons sur Ouistreham. Les nouvelles ne sont pas bonnes, le front cède de partout, l’ennemi progresse.

Le samedi 25 le danger se précise. Nous n’avons plus à bord que les familles de l’équipage, mon père décide d’appareiller et de mettre le cap sur Cherbourg, important port militaire où nous espérons trouver refuge. Nous naviguons de nuit pour éviter tout danger d’être repérés par les avions ennemis.

Le lendemain dimanche 26, vers 11 heures, c’est l’arrivée et le mouillage en dehors de la rade car le port est consigné. Il nous est interdit de rentrer, nous apprenons que des évènements graves s’y passent. Nous sommes néanmoins ravitaillés de quelques pains, boîtes de conserves et de quelques briquettes de charbon par un remorqueur de la Marine Nationale qui nous souhaite BONNE CHANCE.

Nous repartons cap sur St Malo, passons de nuit les iles Anglo-Normandes de Alderney, Jersey, Guernesey et le lundi 27 Mai 1940 , arrivons finalement à accoster au port de St-Servan, ville qui se trouve tout à côté de la célèbre cité des corsaires.

Nous mangeons au Centre d’Accueil de St-Servan. Mais très vite c’est de nouveau l’inquiètude car les troupes Allemandes envahissent toute la France. Les nouvelles sont loin d’être rassurantes.

Nous sommes le 29 Mai 1940. Mon père décide donc d’appareiller dans la soirée cette fois pour La Rochelle où plusieurs chalutiers Boulonnais auraient enfin trouver le salut.

Mais une heure avant le départ, vers 20 heures, les gendarmes montent à bord, demande à parler au commandant. Ils informent mon père que sur ordre des Autorités Maritimes ils réquisitionnent le « JEAN » avec son équipage en vue de l’opération DYNAMO, c’est à dire l’évacuation des troupes Alliées de Dunkerque. Il est demandé à mon père de rallier immédiatement Cherbourg.

La séparation n’est pas facile, douloureuse... quand nous retrouverons nous ?

Les familles débarquées rapidement sont alors dirigées le soir même, en véhicules de la Gendarmerie sur Château-Malo, petite commune située à 5 kms à l’intérieur des terres.

Il fait noir quand nous arrivons et sommes tous hébergés dans un immeuble de plusieurs étages où nous y trouvons pour le moment la sécurité et tout le matériel de cuisine nécessaire.

 
 
 
 
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